
Les familles des victimes du récent naufrage sur le Lac Kivu se sont mobilisées dans la matinée de ce mercredi 9 octobre pour exiger la restitution des corps de leurs proches. Après une journée de manifestations devant la morgue de l’hôpital provincial du Nord-Kivu, les autorités ont finalement répondu à leurs demandes. Reportage.
La tension était palpable devant la morgue de l’hôpital provincial du Nord-Kivu. Des familles endeuillées se sont rassemblées, scandant des slogans et bloquant la Route Nationale n°2, réclamant la restitution des corps de leurs proches, victimes du naufrage sur le Lac Kivu.
Les manifestants exigeaient la restitution immédiate des corps, qui devait initialement avoir lieu ce jour-là, mais avait été reportée sans nouvelle date officielle, selon leurs dires.
« Pourquoi devons-nous continuer à conserver nos corps ? Nous voulons les enterrer avec dignité. Le Directeur de l’Hôpital Provincial du Nord-Kivu vient de nous informer que l’enterrement n’aura plus lieu aujourd’hui, alors que c’était prévu pour aujourd’hui même. C’est vraiment déplorable qu’on ne nous remette pas nos corps. »
Le gouverneur du Sud-Kivu s’est rendu sur place pour apaiser la situation et a annoncé que les familles qui le souhaitent peuvent désormais récupérer les corps pour organiser des funérailles privées. Sous la pression croissante, Jean-Jacques Purusi a pris la parole devant la foule.
« Nous avons décidé, en concertation avec les autorités locales, de restituer immédiatement les corps aux familles qui le souhaitent, afin qu’elles puissent les enterrer selon leurs rites et traditions. Pour celles qui préfèrent laisser cette tâche à l’État, nous garantissons un enterrement digne et respectueux. À ce jour, après ce drame, le bilan fait état de 31 corps, principalement en provenance de Minova, le lieu de départ du bateau Merdi qui a chaviré dans le Lac le jeudi 2 octobre dernier. Une vingtaine de ces corps viennent de Minova, tandis que d’autres proviennent des localités telles que Kalehe, Bweremana, avec deux corps à Bukavu, trois à Idjwi, et une dizaine ici à Goma. »
Les manifestants ont accueilli cette annonce avec soulagement, bien que la frustration persiste. Pour ces familles, l’urgence est dorénavant d’organiser un deuil digne, tout en obligeant des mesures concrètes pour améliorer la sécurité sur le Lac Kivu.
À noter que les autorités congolaises ont pris des engagements fermes pour renforcer la régulation du trafic lacustre. Le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a promis le week-end dernier de sanctionner sévèrement les responsables de ce drame et d’accélérer les recherches pour retrouver les corps encore coincés dans l’épave. Les familles des victimes espèrent que ces promesses seront suivies d’actions concrètes.
Magloire MUTULWA