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Répression du 30 août à Goma : Le gouverneur militaire interpellé à Kinshasa

Le gouverneur militaire du Nord-Kivu est rappelé à Kinshasa pour consultation concernant la répression de la manifestation de la secte « Uwezo wa neno » qui a eu lieu le 30 août dernier à Goma. Cette décision a été prise tard dans la nuit du lundi 4 septembre par la Commission interministérielle chargée de suivre la situation, qui séjourne toujours dans la ville touristique du Nord-Kivu. Elle fait suite à des consultations avec différentes couches sociales au gouvernorat de la province. Cette décision s’accompagne d’une série de mesures supplémentaires, comme l’explique le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Peter Kazadi :

  • La suspension de deux officiers supérieurs de la Police nationale congolaise et leur rappel à Kinshasa. Il s’agit du Commissaire supérieur principal Bongo Wifema José, Commandant en charge des opérations dans la ville de Goma, et du Commissaire supérieur Luna Kimanga Martin, Commandant en charge des renseignements dans la ville de Goma.
  • La prise en charge des obsèques des victimes par le gouvernement.
  • L’organisation des obsèques de l’agent de Police principal Kipapa Safari, « sauvagement abattu par les membres de la secte ».
  • La prise en charge des soins des blessés par la province du Nord-Kivu.
  • La libération de Kabanza Mugabo Josué, militant d’un mouvement citoyen interpellé le lendemain des manifestations.
  • L’identification et la fermeture de toutes les églises non conformes à la loi.

Il est à noter que la délégation gouvernementale, composée du ministre de l’Intérieur, du ministre de la Défense et des droits humains, séjourne toujours à Goma. Ils ont assisté à l’audience militaire où comparaissent les deux officiers de l’armée arrêtés le lundi dernier, ainsi que 15 autres militaires présents lors de la répression de la manifestation du 30 août dernier contre la secte « La foi Naturelle Judaique Messianique Vers les Nations, Agano la uwezo la neneno wazalendo », dont le bilan s’est alourdi à 51 morts selon le ministre de l’Intérieur.

En ce qui concerne les mesures prises, le ministre de l’Intérieur précise qu’il est nécessaire d’identifier et de fermer toutes les églises qui ne respectent pas la loi. Cependant, certains habitants de Goma ont des opinions divergentes à ce sujet, comme en témoignent leurs déclarations :

« Les désordres ne proviennent pas des églises. Il y a des malfaiteurs et du banditisme nocturne, non militaires, qui perturbent la population. Ils devraient plutôt se charger de la sécurité de la province, et non des églises. »

« Il est bon d’identifier les églises car nous savons que certaines d’entre elles fonctionnent sans respecter les normes de l’État. Nos autorités ne devraient pas autoriser leur fonctionnement sans documents légaux. »

« Nous soutenons l’identification des églises car nous souffrons du désordre causé par leur prolifération. Chaque jour, de nouvelles églises apparaissent dans les quartiers, et la nuit, nous sommes dérangés par le bruit. Une église devrait avoir une école et d’autres installations, et non pas seulement un prêtre, sa femme et leurs enfants qui se réveillent en faisant du bruit avec un tambour pour créer une église. »

« L’essentiel est d’avoir les documents légaux et une parcelle. Le désordre est visible presque partout, y compris dans les bars et autres établissements bruyants. »

Nous avons tenté de savoir auprès de la mairie si la secte « Uwezo la neno » possédait tous les documents légaux, mais nous n’avons pas obtenu de réponse. Il convient de rappeler que, dans son communiqué interdisant cette marche qui a conduit aux décès, le maire Kapend a précisé que cette secte n’avait aucune légitimité dans le Nord-Kivu. Cependant, certains fidèles de cette église affirment que leur association sans but lucratif possédait le F99, un document permettant de travailler temporairement avec une certaine légitimation.

Jérémie KIHAMBU et Deodatte BAHATI