La ville de Goma était inhabituellement calme ce lundi 4 août. De nombreux habitants ont choisi de ne pas quitter leur domicile en réponse à l’appel à une journée ville morte lancé par des mouvements citoyens et des acteurs socio-politiques. Cette initiative visait à montrer leur solidarité envers les familles ayant perdu des proches lors des manifestations du mercredi 30 août.
Au centre-ville, les portes des boutiques sont restées fermées, à l’exception de quelques banques où les enseignants et les femmes des militaires venaient toucher leurs salaires. Certains commerçants se sont simplement regroupés devant leurs établissements, mais sans entreprendre aucune activité commerciale. Certains d’entre eux ont partagé leurs motivations :
« Nous sommes contraints de garder nos portes closes en signe de solidarité envers nos frères et sœurs qui ont perdu la vie lors de cette manifestation. Il est anormal que les militaires, censés protéger la population, soient capables de tuer des civils comme des moutons. Nous ne rouvrirons nos portes que lorsque les auteurs de cette barbarie seront condamnés. »
« Cela représente une perte financière pour nous, car nous dépendons des ventes quotidiennes. »
« Ils ont raison de décréter une journée ville morte pour protester contre le meurtre de ces civils, mais pensons aussi à nos enfants qui devaient commencer l’année scolaire ce lundi. »
La circulation routière était, en revanche, presque normale. Des barricades de pierres qui avaient été érigées à Katindo et CBCA Ndosho ont été dégagées par la police. Cependant, les écoles n’ont pas ouvert leurs portes, les parents n’ayant pas autorisé leurs enfants à partir en classe malgré la date prévue de la rentrée scolaire. Pourtant, certaines écoles s’étaient préparées à accueillir les élèves dès le dimanche 3 septembre, comme en témoigne l’inauguration du nouveau bâtiment de l’école privée JC AMANI située dans le quartier de Bujovu, à proximité de l’aéroport.
Kazaroho Jean-Claude, le promoteur de l’école, a partagé son engagement envers la qualité de l’éducation dans son institution :
« Nous offrons un enseignement de qualité avec un programme respecté et une formation bilingue pour nos élèves. Je vous assure que les parents ne seront pas déçus. Nous proposons deux sections, la maternelle et l’école primaire, et l’année prochaine, nous ouvrirons une école secondaire. »
À Nyiragongo, la rentrée scolaire a été perturbée ce lundi 4 septembre dans les zones non occupées par les combattants du M23. Les écoliers et élèves n’ont pas repris le chemin de l’école. Bosenibamwe Muzungu, de l’ASBL Zaburi Acadepa 133, a inspecté plusieurs écoles pour évaluer l’effectivité de la rentrée scolaire et a partagé ses observations :
« Les enfants se sont levés pour aller à l’école, mais nombreux sont retournés chez eux car il n’y avait personne à l’école. De plus, il y avait des individus qui forçaient les élèves à quitter les écoles. J’ai des enfants élèves, dont l’un étudie à l’EP Virunga Nord. Un autre facteur qui a incité les enfants à rentrer chez eux est la présence de barricades sur la route dès 6 heures du matin. »
À Goma, comme nous l’avons mentionné, de nombreux parents ont choisi de garder leurs enfants à la maison. Un parent a expliqué sa décision :
« La rentrée scolaire pour l’année 2023-2024 a été perturbée dans le territoire de Nyiragongo. Près de 90 % des écoliers et élèves ne se sont pas rendus à l’école. C’est le cas du Complexe Scolaire Laetitia, Patmos, EP Munigi, EP Kayembe, EP Kanyaruchinya, et d’autres encore. Les parents ont exprimé leur solidarité envers ceux qui ont perdu des proches lors de la manifestation de la secte Uwezo wa Neno. Ils craignent que leurs enfants ne soient en danger en cette journée ville morte. »
La rentrée scolaire a été particulièrement discrète ce lundi 4 septembre à Kiwanja, dans le territoire de Rutshuru. Après une année sans enseignement en raison du conflit impliquant le M23 dans cette partie de la province du Nord Kivu, certaines écoles ont enregistré une faible affluence d’élèves tandis que d’autres sont restées fermées.