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Goma : Paralysie d’activité après la répression d’une manifestation; bilan tragique et interrogations

Les activités socio-économiques sont paralysées en ville de Goma ce mercredi 30 août 2023. Cela fait suite à la répression d’une manifestation publique d’une secte appelée Uzewo wa Neno / Wazalendo dans le quartier Ndosho. L’armée dresse un bilan de 7 morts et 17 blessés.

Tout a commencé avec un message diffusé sur les ondes d’une radio portant le nom de cette secte, dite Uwezo waneno wazalendo. Le chef spirituel a passé toute la nuit à mobiliser ses fidèles pour une marche pacifique :

« J’appelle les militants dits wazalendo à être matinaux pour ce mercredi. C’est depuis le temple, ou ici à la radio, que nous allons démarrer notre manifestation. »

Cela a poussé le maire de la ville à déployer un dispositif policier à la station de cette radio, située non loin de l’hôpital Betesta, et à Nyabushongo où se trouve le temple, étant donné que cette manifestation avait déjà été interdite la veille. Les premiers coups de feu ont été entendus vers 3h50, alors que les fidèles commençaient à arriver pour démarrer la marche qui devait se diriger vers la MONUSCO. Des témoins rapportent la présence de trois corps visibles sur les lieux, dont celui de l’animatrice de la radio.

Un policier a vu les adeptes de la secte en train de se préparer pour la marche. Il a osé tirer, c’est pourquoi il a été maîtrisé et son arme emportée. Du côté de Nyabushongo, où se trouve le temple, quelques fidèles ont passé la nuit à l’église en priant pour cette manifestation. Les choses ont mal tourné lorsque les policiers ont vu les fidèles arriver en masse. Ils ont commencé à tirer pour disperser les manifestants. Un fidèle a perdu la vie, ce qui a conduit à l’agression d’un des agents de l’ordre.

Au total, on compte 3 autres morts et le temple a été incendié. Dans son communiqué, le porte-parole du gouverneur, qui identifie les manifestants comme les fidèles d’une secte mystico-religieuse, donne un bilan de 7 morts. Le lieutenant-colonel Guillaume Njike déclare :

« Côté forces de l’ordre : 1 policier tabassé à mort. Côté assaillants, 6 morts et 17 blessés. 153 interpellés. Ce Ephraim Bisimwa de la secte mystico-religieuse a causé les mêmes troubles au Sud-Kivu. »

Les blessés reçoivent des soins dans une structure sanitaire locale. La société civile doute que ce bilan soit précis, car le nombre de blessés pourrait être plus élevé. Cette situation survient après que le maire de la ville ait interdit au prophète de la secte d’appeler ses fidèles à manifester ce 30 août. Le même message a été relayé par le coordinateur national des patriotes. Les fidèles de la secte voulaient organiser une cérémonie rituelle au niveau du quartier général de la MONUSCO du côté de la RVA.

Cette situation a poussé à ce que les activités soient paralysées dans la ville. Tous les commerces n’ont pas fonctionné. Le marché central de Virunga était désert, les boutiques et magasins sont restés fermés au centre-ville ainsi que dans les quartiers. Il n’y a pas eu de barricades comme cela a toujours été lors des manifestations dans la capitale touristique, mais la circulation a été timide. Seules quelques motos pouvaient circuler. Les motards n’étaient pas inquiétés. On pouvait voir des regroupements de gens par-ci par-là, discutant de cette actualité. Cependant, la société civile coordination provinciale du Nord-Kivu s’interroge sur la manière dont les autorités ont géré cette situation. Placide Nzilamba, secrétaire technique de cette structure citoyenne, déclare :

« On voit ici des églises avec des radios qui insultent même les gens en pleine journée et ne sont pas inquiétées. C’est une habitude qui s’est développée pendant cette période électorale et de guerre. On doit faire attention. Ces mêmes wazalendo ont même fait des sacrifices le 30 juin en pleine ville. Ils n’ont pas été inquiétés. Les autorités doivent aussi savoir anticiper les choses. Ce n’est pas aujourd’hui que l’on doit dire qu’ils n’avaient pas de légitimité. »

Ainsi, jusqu’à tard dans la soirée, aucun bus ni voiture de transport en commun n’était visible sur la chaussée. Seules quelques voitures privées circulaient, surtout dans la commune de Goma.

Jérémie KIHAMBU

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